Les Genres

Le goût du public populaire passe par les genres (comédie, policier, film historique, mélodrame, film musical), qui fonctionnent comme des étiquettes permettant de situer les films dans l'ensemble de l'offre cinématographique et comme des formules narratives, stylistiques et idéologiques qui offrent un cadre d'interprétation aux histoires les plus variées.

Le paysage des genres populaires dans la France des années 1950

A partir de la distribution, du box office des films, de leur popularité dans les magazines, de la présence à l'affiche de stars majeures, nous nous proposons de reconstituer le « régime des genres » propre à l'après-guerre et aux années 1950 en France : dresser ce paysage des genres populaires en France permettra de mesurer la popularité respective des différents genres et d'évaluer leur perception en termes identitaires, culturels, genrés, générationnels.

Genres et interculturalité

Dans l'offre cinématographique coexistent les genres du cinéma français et ceux des films importés qui n'existent pas dans la production nationale (western, musical) ou qui existent sous une forme différente (mélodrames hollywoodiens, italiens ou français ; comédies Ealing et films de guerre britanniques). Certains genres du cinéma français sont investis plus directement d'une fonction identitaire, nationale (le film en costumes) ou régionale (la comédie méridionale) ; d'autres expriment une tension entre réaffirmation identitaire et influence américaine (le film de série noire, ou, pour partie, le film musical). On interrogera donc la coexistence, la compétition, l'hybridité et la perception comparée de ces genres : dans quelle mesure la nationalité du film est-elle un paramètre pertinent dans l'évaluation populaire des films de genre?

Approche genrée des genres

La segmentation genrée des publics, bien connue pour le cinéma hollywoodien et le public américain, n'a jamais été analysée en France, notamment parce que le public cinéphile qui s'est constitué dans les années 1950 privilégiait les genres masculins sans en être conscient. De fait, les grands absents de l'historiographie du cinéma français des années 1950 sont les genres destinés au public féminin ou à un public mixte, comme les mélodrames, les films musicaux, les films historiques et les comédies familiales, auxquels nous entendons donner une visibilité. Sur le plan des représentations, on s'interrogera sur la construction et l'évolution des normes sexuées suivant les genres et leur impact, positif ou négatif, sur la réception et l'appréciation des films par les publics.

Les genres dans la culture populaire

Les genres sont caractérisés par une profonde dimension intermédiatique qui jette un pont avec, dans la période considérée, l'opérette, le boulevard, le roman policier, le cabaret et ses chansonniers, la chanson. Les films musicaux retiendront plus particulièrement notre attention : véhicules aux stars de la chanson populaire et/ou de l'opérette, ils sont, sous leurs dehors de pur divertissement, le site de tensions générationnelles et identitaires, qui s'expriment notamment dans la juxtaposition de styles musicaux différents, anciens ou modernes, locaux ou importés. Dans un autre registre, les publications de films racontés – Mon film ou Le Film complet – et l'essor des romans-photos qui puisent dans l'actualité cinématographique (Les films pour vous, Star ciné- roman...) nous permettront d'explorer les relations entre ces formes narratives et le cinéma.