Economie
Production, distribution, exploitation et médiatisation du cinéma populaire
Le cinéma français des années cinquante est un cinéma de studio, de producteurs, de scénaristes, de stars et de genres tels que la comédie et ses variantes, le film policier et criminel ou le film à costumes. Dans cet axe, sont étudiés les relations et les croisements entre ces variables (acteurs, scénaristes, producteurs, genres) à partir de l'analyse des vingt premiers films du box-office correspondant à la tranche supérieure de la réussite des films en termes de fréquentation et de recettes (20 à 25 % des entrées jusqu'en 1964). En effet, la présence durable de certains acteurs, scénaristes, producteurs et genres dans les premières places du box-office exerce des effets d'aura et d'orientation du marché, en influant sur le système de représentation des producteurs, des distributeurs, des exploitants et, in fine, des spectateurs.
Le rôle clé que joue par ailleurs l'à-valoir ou minimum garanti distributeur durant la période étudiée (67 % du budget facial d'un film comme Madame et son flirt sorti en 1951) pousse logiquement le distributeur à se prononcer sur les orientations artistiques des projets financés. Nous étudions en conséquence également les sociétés de distribution dont les films occupent régulièrement les sommets du box-office afin d'identifier leurs stratégies éditoriales et les stratégies de sortie mises en place (programmation, promotion et publicité). Dans le contexte de forte augmentation des sorties en exclusivité et de progression du nombre de copies de l'après-guerre, l'analyse de la programmation et le croisement des données Paris-province permettent de dégager les différents parcours dans les salles pour ces films (selon le niveau d'exclusivité, la durée de passage, la capacité de la salle, le tarif du billet) et d'appréhender les évolutions relatives aux stratégies des distributeurs, des exploitants, et à la demande des spectateurs.
Enfin, nos travaux visent à dessiner les contours d'une conception du cinéma populaire par le biais de l'étude des éléments spécifiques (étiquette générique, notoriété de tel acteur ou de telle actrice) valorisés par les producteurs et les distributeurs dans le matériel publicitaire et promotionnel de ces films (affiches, bandes-annonces, etc.). L'analyse comparative des stratégies de promotion des films français et étrangers (américains et plus particulièrement italiens) permet non seulement de repérer les écarts, mais aussi de penser les spécificités culturelles du point de vue de la définition du populaire.